Échec commercial dans tous les pays du monde, Battleship a englouti 209 millions de dollars pour n’en récolter que 65 aux USA. Sa distribution à l’étranger le sauvera du naufrage pour lui permettre de récolter au final un peu plus de 300 millions de billets verts. Tout le monde est donc d’accord pour dire que ce film est mauvais. Et pourtant… je n’arrive pas à détester ce long métrage, même en l’ayant revu la semaine dernière sur TMC. Je vous propose donc ma perception de ce film, car en dire un peu de bien est rare.
Et comme dirait un ami : Il est agréable d’aimer quelque chose que tout le monde déteste !
Le synopsis de Battleship
Chaque année, les armées navales de différents pays se retrouvent au RIMPAC, rassemblement international des différentes marines militaires, visant à effectuer des manœuvres communes et s’échanger quelques tuyaux. Alors que tout le monde est à l’eau et que les manœuvres vont commencer… Paf ! Des vaisseaux aliens s’écrasent dans le pacifique, au milieu des bateaux de guerre. Et devinez quoi ? Ils sont pas là pour visiter Hawaï…
Un film sorti au pire moment
Un an à peine après la sortie de Transformers 3 et sa débauche d’effets visuels ad nauseam, Hasbro présentait un nouveau film adapté d’un de ses jouets, avec cette même touche à la Mickael Bay, à savoir un gros blockbuster bas du front. Cerise sur le gâteau, le jeu adapté est cette fois-ci la bataille navale ! Ajoutons à cela qu’il est sorti au même moment que le premier The Avengers et il n’en fallait pas plus pour que le public fuit ce film en masse. Les critiques ne seront pas plus clémentes, puisqu’il récoltera un faiblard 34% sur le site Rotten Tomatoes.
Il est rare que ce site et moi ne tombions pas d’accord, mais je crois que je suis, avec ce Battleship, face à un de ces petits plaisirs légers qu’on affectionne de temps en temps. Personnellement j’ai passé un bon moment dans la salle de cinéma et un visionnage plus récent chez moi a maintenu cette impression.
Une mise en place progressive du scénario
Alors qu’on s’attend à ce que ça pète du début à la fin, le scénario s’installe progressivement, prenant le premier quart du film pour installer ses personnages principaux et son ambiance… une ambiance surprenante. Tout se passe en plein jour, sous un soleil de plomb et la mer bleu vif d’Hawaï. La BO constituée en grande partie de morceaux d’AC/DC ajoute encore (et c’est surprenant) une vraie dynamique de guerre navale à ce film Fantastique.
La première partie du film nous montre la puissance des marines Américaines et Japonaises. Vaisseaux de guerre tonitruants, troupes bien entrainées et rigueur toute militaire… Réduite à néant face aux vaisseaux aliens qui débarqueront, ajoutant un sentiment d’impuissance terrible face à ces derniers, qui durera pendant quasiment tout le film.
Enfin, un message intéressant est décortiqué tout au long du film à travers son personnage principal Hopper. Le respect scrupuleux des ordres et les limites du conformisme. Effectivement, les personnes permettant la résolution de cette crise sont finalement des électrons libres créatifs, outrepassant les limites qui leurs sont fixées… pas toujours d’eux-même d’ailleurs. Un message connu et reconnu, mais qui fonctionne très bien ici.
Pas de gros casting, mais de plutôt bons acteurs
Hormis Liam Neeson qui campe un second rôle d’amiral et Tadanobu Asano, excellent en capitaine Japonais, la très grande majorité du casting est inconnue au bataillon ! Et pourtant, le jeu n’est pas mauvais.
Comme tout cinéphile qui se respecte, je n’attendais strictement rien de Rhianna en tant qu’actrice, je ne l’ai même pas reconnu au premier visionnage et l’ai apprit pas hasard ensuite. Si son jeu n’est pas formidable, elle n’est pas ridicule non plus en soldat badass… Rôle pas fort compliqué non plus il faut le reconnaitre !
Globalement les acteurs sont bien dirigés, ils n’en font pas trop… Mais en font assez. Bien évidemment, Aucun n’entrera ici dans les annales du cinéma, mais ils sont efficaces et plutôt convaincants.
Elle ne fait pas des étincelles, mais Rihanna s’avère tout de même assez convaincante |
Une réalisation tonitruante
Ces roues sont sans doute le seul véritable rappel à Transformers |
La réalisation est impeccable, d’autant plus quand on pense au fait qu’il se passe en grande majorité sur la mer, la texture la plus ratée de toute l’histoire de l’effet numérique !
Ici, tout est impeccable. Pas de figurant paumé planant sur le fond vert, du dynamisme (mais pas trop), des ralentissements bien intégrés (mais pas trop), le film de deux heures se regarde tranquillement sans consulter sa montre. Certains plans sont très efficaces, voire originaux. Sans doute la touche Peter Berg, qui est un réalisateur consciencieux et immersif. Ce dernier aime s’amuse à jouer avec les perspectives et les effets d’échelle.
On va par exemple explorer une bonne partie d’un destroyer de la navy via un long plan séquence, appréciant ainsi sa robustesse au travers de couloirs en acier et de portes anti-explosions, pour finalement aboutir sur le pont au moment où une vague frappe le navire, montrant sa grande fragilité sur cet océan.
À un autre moment, on ne suivra l’action qu’au travers de caméra de sécurité. Puis à un autre on sera immergé à la place d’un alien dans son armure. Viendra ensuite un plan aérien de l’intégralité de la bataille ou encore un autre tel l’image ci-dessous. Bref, on change régulièrement de perspective et d’échelle avec fluidité, ce qui est très intéressant.
Même le passage hommage au jeu de la bataille navale est très malin. Je vous laisserai le plaisir de le (re)découvrir.
Grosse journée… |
Une critique des états-unis déguisée
. Les anciens combattants, qui ont largement 70 ans, viennent sauver la situation. Message fort quand on pense à la façon dont sont considérés et traités les personnes âges aux états-unis,
. Les Japonais sont au cœur de la résolution du conflit, tout comme un ancien soldat amputé des deux jambes par une mine dans un bourbier afghan.
Un film qui a évidemment des défauts
Le film joue la surenchère du début à la fin, proposant à un moment un cuirassé de la seconde guerre mondiale manœuvré par une dizaine de personnes (l’USS Missouri, théâtre du film Piège en Haute-mer), alors qu’il en fallait plusieurs centaines pour le faire fonctionner. C’est au final le passage ou ça coince, car tout allait parfaitement jusque là. Oui, ils n’auraient pas dû s’orienter dans cette direction.
Mais nous sommes ici sur quelque chose d’efficace et de rondement mené. Il est évident que ce n’est pas le film de l’année, mais il tient tout à fait la comparaison face à certains films Marvel.
Allez, débranchez votre cerveau et laissez-vous tenter à le regarder (à nouveau) avec bienveillance, vous pourriez être surprit du résultat… Qui sera nécessairement meilleur que le très décevant Independence Day Resurgence !