Les critiques et avis sur Le Réveil de la Force (The Force Awakens) sont légion sur Internet. On l’adore, on le déteste, on l’aurait détesté quoi qu’il arrive ou l’inverse… bref. On aime en dire du mal, mais souvent pour les mauvaises raisons (le fan service par exemple), tandis que d’autres se sentent comme obligés d’en dire du bien, ne supportant pas la critique négative entourant ce film.
Pourtant, ce dernier a été très bien reçu par les critiques ciné. Que ce soit les journaux, les radios ou tout autre média, chacun a sorti son trentenaire fan de la saga et l’a envoyé dans les salles obscures, desquelles il est ressorti super-content mais ne pouvant rien dévoiler.
Voici la mienne, qui ne bénéficie de rien d’autre que de mon regard personnel de fan de Star Wars !
Prenez un peu d’élan
Ce dernier volet en date de Star Wars réalisé par JJ Abrams peut me faire tenir des heures en simple monologue, des jours si j’ai quelqu’un en face qui n’est pas d’accord (et tant que l’échange est détendu, j’adore ça).
Je n’étais pas bien vieux lorsque La Menace Fantôme est sorti au cinéma, mais suffisamment vieux pour avoir une opinion précise sur la saga au sens large et les deux pieds dans l’univers étendu. Je me rappelle bien de l’engouement incroyable que l’arrivée imminente de ce film avait suscité chez moi. Des mois d’attente interminables, puis des semaines, puis des jours sans fin.
Avec Le Réveil de la Force, ce n’est pas arrivé. Sans doute parce que j’ai reçu la nouvelle via une notification Twitter type : « Diney rachète LucasFilms, 3 films Star Wars à venir ». Je n’ai pas vécu cela comme une mauvaise nouvelle en soit, mais ce fut un choc !
Ce choc me laissa attendre cet épisode VII avec un certain détachement pendant longtemps… jusqu’aux semaines qui ont précédé sa sortie, qui furent elles aussi interminables et qui me firent renoncer à une promesse : Ne pas m’y précipiter le jour de sa sortie.
Raté. Le soir même, j’étais au cinéma. La peur du spoiler fut trop forte !
Le sentiment général : Quelque chose s’est éveillé
Je ne pensais pas que j’aurai à faire un jour le deuil du travail de Georges Lucas… et pourtant si.
« Ouais, ça commence mal » me direz-vous. Beaucoup de ceux qui détestent Georges Lucas le font pour des raisons qui sont une fois sur deux dues à des rumeurs dont personne n’est foutu de citer la source. Et pourtant mon argumentation tient tout à fait la route : La rupture entre ses films et ceux made in Disney est particulièrement forte, qu’on ose l’admettre ou pas. Et ce n’est pas un X-Wing ou un sabre laser qui fera la différence ici.
Tout le traitement de Star Wars est très différent.
Est-ce une mauvaise chose ? Il est trop tôt pour dire non car il faut tout de même digérer un élément majeur : La disparition de toute la dynamique « space opera » au profit d’une science-fiction beaucoup plus contemporaine et convenue. Ce souffle que certains prennent comme de la modernité ou un retour aux sources (ce n’est ni l’un ni l’autre) va transformer sa dynamique épique, de conte galactique, en quelque chose de beaucoup plus ancré dans le « possible », voire dans le « réel ».
Dès les premières secondes du générique, lorsque le texte commence à défiler vers le haut, on sent que les choses vont changer. La dimension même de ce texte est beaucoup plus concrète, voire terre-à-terre… voire sans enjeu.
A ce niveau c’est une véritable évolution, qui change toutes les règles de Star Wars, évolution que le scénario et la manifestation de la Force (qui désormais agit d’elle-même) viendront enfoncer comme un clou. On a beau nous vendre le sabre de Luke Skywalker comme une sorte d’Excalibur… rien n’y fait.
Je me suis senti curieusement écarté de cette dynamique. Ayant autour de moi dans la salle un public qui était à fond et trouvait tout cela formidable ! Je me suis dit : « Peut-être n’ai-je strictement rien pigé à cette saga depuis le début »… Imaginez un peu la teneur de la remise en question ! (rires)
Mais au final, j’ai passé un bon moment. Un bon moment comme j’en passe devant un film Marvel réussi (ce qui reste rare), c’est à dire en pardonnant pas mal de choses énervantes… Un bon moment, mais pas comme ceux que je peux passer devant un bon Star Wars des familles, que ce soit la Trilogie ou la Prélogie.
Peut-être n’aurait-on pas dû nous vendre ce film comme « fidèle à l’œuvre de Lucas » ? Ce fut une erreur qui me fit l’effet d’une douche froide une fois dans la salle.
Les bonnes choses de Star Wars VII : Le Réveil de la Force
- Ses acteurs : Biens dirigés, ces derniers sont excellents, particulièrement Finn et Rey,
- Ses Stormtroopers : Plus classe tu meurs !
- Ses promesses : D’un épisode VIII et IX tonitruants !
Bon, j’avoue que ça fait léger.
Les mauvaises choses :
Au-delà :
- Du recyclage d’éléments de l’UE malvenus, gratuits et qui n’auront fait plaisir à personne,
- De la dynamique marketing qui dépasse tout ce qu’on a pu voir avec les précédents films, y compris La Menace Fantôme,
- De la musique poussive, ce qui est une grande première pour la saga,
- Du teasing à rallonge qui laissait penser n’importe quoi,
- De cette fausse bienveillance générale à l’égard du film à sa sortie de la part des médias mainstreams,
Il y a deux choses qui sont terribles :
La première est bien évidemment la prise de risque… qui n’existe pas ici. Le scénario nous propose un nouvel Empire, un nouvel Empereur, une nouvelle rébellion, une nouvelle planète désertique, un nouveau droïd attachant, un nouveau gentil Jedi plein de potentiel, un nouveau roublard… Auxquels il arrivera les mêmes aventures qu’aux précédents. Bref, un véritable reboot de A New Hope, n’ayons pas peur des mots bon sang.
Mais (et c’est tout aussi grave) ce recyclage a également eu lieu dans la direction artistique !
Et comme je l’ai dit dans un précédent billet, ne me parlez pas de Fan Service !
La preuve en images :
Je ne suis pas du genre à chercher la petite bête… |
… mais de qui se moque-t-on ? |
Parce que je veux bien faire un effort… |
…Mais il s’agirait de bosser un peu à un moment ! |
Les boules, non ? (rires)
L’idée du contre-pied relatif à Kylo Ren et d’une Force qui se manifesterait d’elle-même n’est pas l’élément qui m’a réellement gêné… même s’il jette aux orties les six premiers films sans même que quiconque ne s’en soit aperçu. Cela ouvre le champ des possibles et peut s’avérer très intéressant si tout cela est réfléchit et bien amené.
Ce qui est vraiment gênant c’est l’impossibilité pour l’équipe de The Force Awakens, armée de 200 millions de dollars (pardon, hein) et de la force de frappe technique et artistique combinée de Lucasfilm et Disney… de faire mieux que ça.
Star Wars VII est l’antithèse de l’Épisode I
Je le dis haut et fort : Le Réveil de la Force pèche par un excès inverse à La Menace Fantôme.
De peur de s’attirer les mêmes foudres que Georges (un ami personnel) à la sortie de l’épisode I, Disney est passé d’un extrême à l’autre.
Le premier long-métrage de la trilogie avait déçu de par son manque d’action, sa dynamique politique encore inconnue dans la saga et sa part belle au développement d’un nouvel univers, au détriment des personnages dont on ignorait encore tout. Un univers foisonnant d’idées dans lequel au final on ne retrouvait rien de la première trilogie (au-delà de Tatooine). Pas même un vaisseau ressemblant à quelque chose qu’on connaissait !
Ajoutez à cela la dynamique plus enfantine grâce à Anakin et l’inénarrable Jarjar Binks et l’ajout d’effets spéciaux numériques dans une quantité (et qualité) encore jamais vu au cinéma et hop ! Foule en colère !
Mais l’épisode I avait de l’ambition, poser les fondamentaux d’une nouvelle dynamique beaucoup plus large que précédemment, inconnue des fans et du public lambda et ainsi pouvoir développer son intrigue et ses personnages dans les deux films suivants. Ce tout en restant un long métrage qui tient la route tout seul !
Avec Le Réveil de la Force, c’est l’exact inverse qui vient de se passer… et le résultat est peut-être pire encore ! Nous sommes face à un film qui repose sur les précédents… et qui a besoin des suivants pour exister réellement. C’est le pilote de la nouvelle saison d’une série télé… au ciné.
Ce film n’a rien « créé » s’ajoutant à l’univers de la licence Star Wars. Ce n’est pas un nouveau pan de l’univers qui s’ouvre en grand. Il n’y a pas un nouveau vaisseau digne de ce nom, ni une nouvelle planète digne de ce nom, ni un gouvernement ou une quelconque strate politique de quoi que soit. Simplement des personnages dans une espèce de boucle temporelle ou tout recommence. Un non-sens quand on pense à quel point le background est fondamental dans la saga.
Et au moment où j’écris cette phrase, je réalise à quel point elle est dure ! (rires)
Évidemment, on peut avancer l’idée que A New Hope n’avait qu’un background très flou. Mais c’était à l’époque une révolution de créer un tel univers sur grand-écran. De plus, ce film était le premier de la saga. Il ouvrait en grand des portes galactiques énormes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il faut contextualiser la timeline dans laquelle se déroule cette nouvelle trilogie. Ne serait-ce que pour en respecter les codes, surtout quand on se vante de les respecter à la lettre !
Voilà pourquoi Le Réveil de la Force mérite selon moi la note de deux Ewoks et demi… Ce qui reste cher payé.
Mais au final, tout ceci n’est pas bien grave
Oui, malgré ce long texte incendiaire, « no big deal ». Pour résumer le fond de ma pensée, on a frôlé le ratage avec Star Wars VII : Le Réveil de la Force et la pression est forte sur cet épisode VIII à venir. Une pâle copie de l’Empire Contre-Attaque causera un violent divorce avec beaucoup de fans de la première heure (pas tous cela dit) et pourrait même causer plus de dégâts que ça en rendant Star Wars « has-been » prématurément.
Fort heureusement, ça n’arrivera pas… tout de suite.
En effet, Georges himslef a également retravaillé les scénarios des épisodes II et III une fois les retours des fans reçus sur l’épisode I. Œuvrer sur une licence qui appartient autant à ses fans est une chose particulièrement difficile. D’autant plus dans un contexte d’investissement et de rentabilité comme cela a pu être avec ces 4 milliards de crédits impériaux dépensés par Disney. Que ceux qui ne sont pas d’accord regardent Prometheus, une fois ceci fait qu’ils reviennent me voir en me disant que l’enjeu financier ne peut pas saccager un film prometteur.
J’aime à penser qu’on a droit aux secondes chances et je ne ferai pas partie de ceux qui boycotteront le prochain film et/ou l’épisode VIII. Non pas que je sois une autre victime de la secte du robot doré d’ailleurs. Je suis même persuadé que si beaucoup de bouches se sont ouvertes à ce sujet, il n’y en aura pas tant que ça qui bouderont les salles de cinéma en 2017.
La comparaison avec l’épisode V sera inévitable, mais la réécriture complète du scénario suite aux retours de fans sur le Réveil de la Force devrait (conditionnel et croisement de doigts) changer la donne. Espérons qu’ils sauront extraire les bonnes choses qu’ils ont pu mettre en place dans Le Réveil de la Force et imaginer le reste avec créativité, courage et bon sens. C’est ainsi qu’on apporte quelque chose à la saga Star Wars… et au cinéma au sens large !
Sur ce je vous laisse. Georges est ému, nous partons boire une bière.