DREDD : Critique d’un film à réhabiliter !

L’échec commercial de DREDD, sorti en 2012 et réalisé par Pete Travis est un drame dont j’ai du mal à me remettre. C’est un crime que ce dernier ne soit pas sorti au cinéma en France. Il fallait qu’il sorte ! Les critiques ciné l’auraient ainsi vu et auraient pu rassurer un public qui avait peur d’y aller suite à la prestation de Sylvester Stallone dans la première adaptation de 1995.
Laissez-moi vous vanter les mérites de ce film et de l’œuvre dont il est issu.

Parlons de l’univers et son intrigue

Dredd, avis et critique

DREDD se déroule au vingt-deuxième siècle, dans un futur post-apocalyptique, sur la côte est des USA. Suite à un conflit nucléaire, la terre est dévastée et la population survie dans des méga-cités. Mega-city One est celle dans laquelle officie le Juge Dredd. Elle s’étend de Boston à Washington DC et  compte quatre-cent millions d’habitants…

Mega-City One ne se trouve dans les « terres maudites », désert radioactif inhospitalier. Entourée de larges murs pour protéger la population des créatures étranges et hordes de pillard cannibales, elle souffre d’un taux de chômage dépassant tout. La pauvreté et la violence frappent une très large majorité de la population. La vie ne vaut rien et les mutants, souvent exposés aux radiations qui frappent la périphérie de la ville, les cyborgs ou encore les robots sont monnaie courante dans cette ville.

La population vit partout, que ce soit dans de vieux bâtiments datant d’avant la guerre ou dans les mega-structures, nommées Megablocs, abritant plusieurs dizaines de milliers d’habitants et étant de véritables villes verticales.

Dredd, avis et critique
Bienvenu à Mega-city One !

Les Juges de Megacity

Au milieu de ce fourbis se trouve un gouvernement. Enfin, on est plus proche de la dictature qu’autre chose. Pour simplifier les choses, les forces de police et tout le système judiciaire ont été supprimés, remplacé par les Juges. Ils cumulent les pouvoirs exécutifs et judiciaires. Ils interviennent donc pour interpeller les suspects, les jugent immédiatement puis appliquent la sentence. Ils sont donc Flics, Juges et Bourreaux.

La loi est implacable et la peine est au minimum l’emprisonnement en iso-cube et peut aller jusqu’à l’exécution, réalisée sur le lieu même de interpellation, effectuée généralement avec le Law-giver, arme de poing survitaminée du juge.

Dredd, avis et critique

Le Juge Dredd est le plus connu, le plus craint et le plus respecté des juges, que ce soit pour le peuple ou pour les autres juges. Il est la Loi.

Dans ce film, le juge interprêté par Karl Urban se voit affublé d’une jeune recrue, le juge Anderson, (Olivia Thirlby) qui est « Juge Psy », à savoir l’unité télépathe des juges. Ce duo se rend dans un megabloc nommé « Peach trees » pour enquêter sur un règlement de comptes entre gangs et s’y retrouve enfermé, avec tout un gang à leur trousses. Gang dirigé par Ma-Ma, interprétée par Lena Headey une gangster cruelle et impitoyable qui ferait passer Pablo Escobar pour un manager de fast-food. Son gang distribue le Slo-Mo, drogue de synthèse donnant la sensation de ralentir le temps.

Cette dynamique de huit-clos n’est pas sans rappeler le film The Raid (époustouflant d’ailleurs). Mais il est loin d’être le seul huit clos qu’on ai connu et ces deux films étant sorti à quelques mois d’intervalle, je vois difficilement comment le scénario de l’un aurait pu pomper celui de l’autre. Je mise plutôt sur un hasard de calendrier.

Pourquoi ce film est-il à réhabiliter ?  

Ce film est beau. Visuellement très réussi, d’autant plus lorsqu’on regarde son budget qui représente moins de 50% de celui du film de Stallone. J’ai la chance d’avoir un équipement 3D chez moi, ce qui m’a permis de le voir en Blu-Ray 3D et je le dis haut et fort, c’est le seul film pour lequel j’ai trouvé la 3D réussie et utile.

La réalisation est aux petits oignons. Chaque plan est travaillé, précis. Pete Travis nous montre qu’il a décidé de nous montrer, même dans le plan le plus anodin. Il nous emmène dans un monde sale, angoissant mais complexe. Où la limite entre violence gratuite et dynamique de survie est parfois claire… D’autre fois très floue. C’est l’essence même du comic book Judge Dredd.

Les scènes en slow-motion sont bluffantes (il y en a plusieurs, suite à l’utilisation de la drogue), d’autant plus en 3D. Elles donnent une dimension lyrique à des scènes parfois anodines, d’autres fois tragiques. Mieux encore, l’une d’elle arrive à donner une dynamique nerveuse à une fusillade. Après tant de tentatives ratées à ce niveau, c’est un vrai plaisir.

Ce film est violent. Gore, tout en étant très concret, réel. Ça ne gicle pas inutilement de manière exagérée. C’est peut-être d’ailleurs ce qui marque. A l’instar de son protagoniste, le film Dredd est froid, dur, implacable.


Ce film est bien joué. Le casting fonctionne à merveille et chaque acteur, aussi mineure que soit son apparition, joue son rôle à fond et donne une épaisseur parfaite à chacun des personnages.

Ce film est certainement le plus fidèle à son Comic Book. Karl Urban y campe un Judge Dredd impérial, inflexible et à la poigne de fer. On ne verra pas son visage de tout le film, tout comme dans les comics. Il sera implacable, ne fera pas de compromis et ne connaitra à aucun moment, le moindre sentiment qu’on pourrait approcher de la peur… A part peut-être un peu d’inquiétude dans les situations que chacun d’entre nous trouverait désespérées. Attention, cela peut paraitre cliché (ça l’est), mais Karl Urban insuffle cela avec tact et doigté, juste ce qu’il faut.

Dredd, avis et critique
Ils sont la Loi

 Megacity One y est parfaitement dépeinte. Une ville sale, dangereuse, qui est son propre cancer. Un morceau d’enfer au milieu des terres maudites, dans lequel les Juges, seule force policière existante, maintient l’ordre au pouvoir, dernière barrière avant l’anarchie. Fer de lance d’un régime totalitaire et répressif, ils sont terriblement craints. La moindre infraction entrainant immédiatement plusieurs années de prison, ils alimentent en permanence la violence qu’ils souhaitent éteindre. Le simple délinquant risquant dix ans de réclusion pour une infraction routière, ce dernier est prêt à tout pour ne pas se faire arrêter, y comprit tirer sur la foule pour s’échapper.

C’est toute l’essence du comic book créé par 2000 AD en 1977… Et exactement ce qu’a raté Danny Cannon avec son film des 90s. Dredd n’est pas humain, il est l’incarnation d’un système s’auto-alimentant de violence. Violence indispensable à son maintient.

Les critiques ayant prit le temps de le voir sont unanimes. Il obtient d’ailleurs la note de 78% sur Rotten Tomatoes, ce qui est loin d’être anodin.
Bien évidemment il n’est pas parfait. On aurait notamment apprécié une touche d’humour caustique, qui caractérise l’œuvre originelle, ou encore un développement du plan astral dans lequel nage le juge Anderson, mais ce film reste un modèle récent de série B réussie.

Judge Dredd est un comic book qui n’a jamais marché en France. C’est bien dommage car il est très intéressant. Son univers est loufoque, étrange. Extrapolation des USA des 70s, il propose une vision excessive présentant la limite du modèle répressif qu’une tranche de l’occident appelle de ses vœux (surtout par les temps qui courent). Une délicieuse dystopie dans laquelle le Juge Dredd mène l’ordre.

Je vous encourage vivement à voir et/ou à revoir ce film en Blu-Ray. Il ne coûte rien et révèle tout son potentiel en HD. Un bon moment d’action Sci-Fi qui mérite des éloges.