Justified, critique d’une série comme il y en a peu

Je n’aurai de cesse de le répéter, il n’y a pas que Game of Thrones dans la vie ! Et ne me parlez de The Walking Dead, série qui vit sur ses acquis depuis quelques temps.

Je vais vous présenter ici une série fabuleuse, qui vient de se terminer et qui ne fait pas trop de bruit en France : Justified. 

Justified, un titre qu’on pourrait traduire par « Légitime Défense » en français et qui nous raconte les péripéties d’un Marshall des États-Unis au fin fond du Kentucky, territoire des bons gros Rednecks des familles.
J’ai découvert cette série par hasard en voyage chez l’oncle Sam, entre deux publicités (c’est assez incroyable de voir le nombre de pubs qui pourrissent la télévision américaine). De retour en France, j’ai décidé de creuser un peu après une première approche qui m’a interpellé… Je le clame haut et fort : Cela faisait des années que je n’avais pas prit un pied pareil ! 


Avant de vous en présenter le synopsis, sachez que cette série est une adaptation de « Fire in the hole », nouvelle écrite par Elmore Leonard, qui a déjà vu plusieurs de ses œuvres portées à l’écran et telles que 3H10 pour Yuma de James Mangold, Jacky Brown de Tarantino ou encore Get Shorty de Barry Sonnenfeld.

Là j’ai toute votre attention, pas vrai ?

Le synopsis de Justified

Justified, avis et critique

Nous suivons les pas de Raylan Givens (interprété par Timothy Olyphant), Marshall des états-unis dans la pure veine de ses ancêtres de l’époque du Far-West. Stetson, gâchette facile, sans-froid et répartie tranchante, il ne viole jamais la loi, mais fera tout ce qu’il faut si c’est justifié. On l’apprend dès la première minute du pilote, lorsqu’en poste à Miami, il impose un ultimatum à la crapule locale, qu’il finira par descendre lorsque ce dernier se montrera menaçant.

Malheureusement, sa hiérarchie considère que ce comportement est à la limite de la bavure et l’envoi à Harlan, petit bled perdu au fin fond du Kentucky pour enterrer tranquillement l’histoire. Mais Harlan n’est pas inconnue pour le Marshall, c’est sa ville natale. Il y retrouvera son ancienne vie, ses amis, ses ennemis… et ses fantômes.

Une vision des États-Unis souvent ratée… Sauf ici

On nous montre une Amérique oubliée, laissée pour compte. Une population peu éduquée, qui vit sa vie de débrouille, de trafics et d’un manque de confiance absolu envers le gouvernement et les entreprises, se tournant plutôt vers des personnes fortes et charismatiques, à la morale souvent douteuse. Une vie de travaux durs et ingrats (dans les mines ou les petits boulots). Des idéaux jetés aux ordures, tout comme la Loi. Le trafic d’armes, d’herbe, les arnaques, voilà de quoi vivent les gens du coin. Et ces rednecks sont prêts à tout pour préserver ce qu’ils considèrent comme leur mode de vie.

Harlan, ville douce et chaleureuse

Les grandes forces de cette série

Les acteurs. Des personnages principaux au plus anodins des seconds rôles, les acteurs sont parfaitement dirigés. Ils offrent une constance, un souffle général qui donne vraiment le ton de la série. Les rednecks sont parfaits, à la fois simples et riches de rêves, d’objectifs à accomplir et de modes de vie à préserver.

Raylan Givens est bluffant de sang-froid. C’est la qualité qui le caractérise face à des situations ou n’importe qui serait en pleine panique. On a si souvent peur pour lui ou ses proches que ses réactions nous prennent à revers très souvent.

Attention, ne vous imaginez pas une espèce de Chuck Norris foireux. Timothy Olyphant, également producteur de la série, insuffle à ce personnage un flegme incroyable, mêlé d’un humour pince sans-rire et d’une véritable intelligence qui nous présente avec brio ce Marshall comme la nécessité absolue pour remettre un semblant d’ordre dans cette région. Région qui le poussera lui aussi dans ses derniers retranchements, tant au niveau humain (relation avec son père, son ex) que professionnel.

Face à cela, sa motivation n’est pas sa morale mais la Loi et elle uniquement, ce qui provoquera des situations assez incroyables dans sa relation avec les personnages qui l’entourent, mais finalement très crédibles.

Justified, avis et critique
Boyd Crowder. Ce personnage est un monument

Mention spéciale est faite bien évidemment à Boyd Crowder (interprété par Walton Goggins, qu’on a vu récemment dans les Huits Salopards). Ce dernier, en frère ennemi du Marshall est époustouflant, comme à chaque fois pour qui s’intéresse à sa filmographie. Mais chacun des personnages récurrents est très bien travaillé. Une personnalité fine, une perception des choses personnelle et pour tous un bagou tout à fait délectable.

Justified, avis et critique
L’équipe de Marshall, dont chacun est attachant et très bien travaillé

Les dialogues sont ciselés, soignés. Je n’ai pas peur de le dire, il y a du Tarantino dans ces échanges entre les personnages. Chaque dialogue, aussi anodin qu’il soit, nous tient en haleine. Je repense encore avec émotion à la première apparition d’Ava Crowder (Joelle Carter), qui nous fait passer de l’idée d’une jeune femme pétillante et charmante à une veuve à moitié folle, ce dans un monologue de trois minutes.

Une réalisation sobre et fine

La réalisation de Justified est fine, précise. Le Kentucky, fait de grandes plaines et montagnes chatoyantes nous semble inhospitalier, sans qu’on puisse vraiment dire pourquoi. Le travail des plans, des lumières, des décors nous donne une sensation générale de qui-vif permanent, le tout dans un souffle très naturel. C’est un vrai contrepied face à des séries comme True Detective, qui nous proposent une ambiance inquiétante très artificielle, comme un rêve sous acide.

Justified ne fait pas dans la sur-enchère. Elle n’est pas exagérément gore ou violente. Le ton est juste, tout est bien mené. L’œuvre est sobre, ce qui porte aux nues les dialogues et le jeu d’acteur.

Son intrigue nous emmène pendant six saisons de treize épisodes qui ne essouffleront pas. Contrairement à d’autres séries comme The Walking Dead, il n’y a pas ici de saison moyenne, voire longue. Le rythme est bon, très bon même. Les ralentissements sont maintenus par des dialogues remarquablement écrits, qui nous portent sans qu’on se pose de questions. Il faudra même prendre un certains recul pour se dire : Mais quelle série ! Tant on est absorbé.

Sa musique est très intéressante. Nous sommes dans de la country pur jus, mais pas n’importe laquelle. Elle est discrète, relève certaines situations, appuie sur l’immersion de certains décors, elle sert la série et ne prend à aucun moment le pas sur elle. Mention spéciale pour le générique d’ouverture, mêlant bluegrass et hip hop dans un mix amusant.

Justified, avis et critique

Un début et une fin

Le final est absolument parfait. Contrairement à certaines séries brutalement stoppées par la production à cause d’une baisse d’audience, Justified s’arrête à sa sixième saison en nous emmenant tout au long de celle-ci vers un final mesuré, bien dosé et très intime. Nous sommes loin de la culminance ratée que nous a offert Sons Of Anarchy, série que j’adore mais qui m’a atrocement déçu avec son dernier épisode incontestablement raté.

Une très bonne surprise

Je ne sais pas quoi ajouter pour vous encourager à regarder cette série, qui est pour moi une vraie bouffée d’air frais. Je ne veut pas la sur-vendre non plus (c’est trop tard je crois), mais vous ne perdrez vraiment pas votre temps.

Si elles n’ont rien à voir entre elles, je crois que je n’avais pas accroché une série comme ça depuis The Shield. Et croyez-moi, ce n’est pas peu dire !