Star Wars, Disney, stratégie et argent

Salutations citoyens. Avec la plus grande collection de produits dérivés au monde, son rachat par Disney et le gros chèque qu’a touché Georges Lucas, la saga Star Wars est bien souvent synonyme de cash. J’ai fais pas mal de recherches dans ce sens et vous propose un gros point « Star Wars, Disney, Argent ».

Quelle quantité d’argent représente Star Wars ?

Concernant l’argent généré par les six films produits par Georges Lucas, nous avons un chiffre :

Trilogie + Prélogie = 26,5 milliards de dollars.

Une somme absolument démente ! Il est est vraiment incroyable de constater que la saga ai pu générer autant d’argent, avec pour base un premier film de onze millions de dollars de budget… en qui peu de monde croyait. Mais décortiquons un peu cette somme :

12 milliards de dollars : Les jouets (tous confondus)
5 milliards : Les recettes des films (au cinéma)
3,7 milliards : DVD, Blu-Ray, VHS
3 milliards : Les jeux vidéos
1,8 milliard : Livres
1 milliard : Le reste (merchandising, etc.)

Croyez-le ou pas, mais ce ne fut pas la saga la plus rentable de l’histoire du cinéma ! James Bond et Harry Potter sont devant en termes de recettes issues des films. Tout du moins ils l’étaient avant la vente de Lucasfilm à Disney.

Comment Georges Lucas a-t-il créé cette machine à cash ?

Cette machine à générer de l’argent est née d’une volonté : S’émanciper des studios hollywoodiens.

Dès son premier film : THX 1138 en 1971, Georges Lucas n’a pas apprécié le pouvoir des studios sur les films qu’ils produisent. Coupes, recoupes, décisions arbitraires et transformations inopinées qui détruisent le travail effectué en amont… il considère que ces derniers dénaturent l’œuvre du réalisateur.

Il s’est donc émancipé des studios et producteurs dès qu’il en a eu l’occasion, en dealant dès le premier film de la saga une baisse de plus de 50% de sa rémunération (qui était de 500 000 dollars), contre les droits sur tous les produits dérivés du premier film… et des suivants s’il y en a. En bref, la licence dans son intégralité. Là ou il fait preuve d’une vision remarquable, c’est que le marché du produit dérivé de cinéma n’existait quasiment pas ! Nous sommes en 1977, rappelez-vous.

Le succès époustouflant de A new hope va confirmer sa vision. Il prendra tous les risques en produisant The Empire Strike Back, qui va largement remplir ses caisses. Avec cet argent et dès le départ, il commence à créer les sociétés qui lui seront indispensables au développement de ses prochains films : 

  • ILM,
  • Lucasfilm,
  • THX,
  • LucasArts,
  • Lucasfilm Computer Division (revendue en 1986 et renommée… Pixar !)
  • Lucasfilm Animation,
  • et j’en passe.

Pour toutes ces structures, Georges Lucas est actionnaire à 100%. Pourquoi ? Toujours pour s’émanciper de ces studios qu’il considère comme frustrants et nuisibles à la vision que le réalisateur peut avoir de son projet.   

Elle est ici, la clef de sa fortune : Sa peur des producteurs.

Il produit tout lui-même et en ramasse donc seul les fruits. Et comme Star Wars a été perçue comme du vrai cinéma, puissant, original et repoussant les limites mêmes du support, sa fortune était faite.

Alors pourquoi Lucas a-t-il vendu à Disney ?

Lucasfilm est une machine de guerre, que ce soit le merch’, les jouets, les films et ses rééditions. Pourquoi vendre ? Et surtout, pourquoi à Disney ?

Effectivement, il faut avoir un peu d’argent sur son PEL pour débourser quatre milliards de dollars. Mais Disney étaient-ils les seuls à pouvoir faire cet achat ? Non, bien évidemment.
Pour bien cerner les raisons de cette transaction, il faut se plonger sur la stratégie de Disney et sa relation avec Lucas.

Robert IGER (actuel patron de Disney) connait Georges Lucas depuis des années. Ils avaient d’ailleurs travaillé ensemble sur la série des Chroniques du Jeune Indiana Jones, à l’époque ou ce dernier était chez ABC. Série qui fut un échec, mais c’est une autre histoire.

Lorsque Disney rachète ABC, Robert IGER passe chez Disney, puis en devient le numéro un. Ce dernier, pour relancer l’entreprise, décide de racheter « des univers » entiers. Une stratégie très intéressante dans le sens où ce sont des strates entières d’imaginaire qui sont absorbées. Et ces « univers » passent par des studios :

Ils rachètent donc ces studios, tout en conservant les créatifs de ces sociétés et en leur laissant les coudées franches. Voilà quelque chose qui intéresse vivement Georges Lucas, qui pense déjà à l’idée d’un jour transmettre Lucasfilm et prendre tranquillement sa retraite.

En effet, cela l’intéresse car il ne souhaite pas voir sa licence dénaturée ou saccagée par un fond d’investissement n’y voyant rien d’autre du bankable.

Comment cela s’est passé

C’est lors de l’inauguration de Star Tours 2, en Floride, que les deux se rencontrent et mangent ensemble. C’est là que Robert IGER met les pieds dans le plat en lui faisant part de son intérêt pour Star Wars. Georges Lucas décline, sans doutes pas encore prêt pour cela. Mais il conservera l’idée dans un coin de sa tête.

Plus tard, il contacte Kathleen Kennedy pour lui proposer la présidence de Lucasfilm (mais pas la propriété) et tous les deux travaillent sur une postlogie 100% Lucasfilm (à savoir les épisodes VII, VIII et IX). Comme quoi ce projet remonte à avant le rachat de la firme et n’est pas le fruit d’un opportunisme.

Disney reviendra à la charge peu après. Georges Lucas exigera alors des garantie que la saga ne serait pas dénaturée ou saccagée au profit de la rentabilité. Disney lui offre ces garanties et les exemples des précédents rachats (Pixar, Marvel) finissent d’enfoncer le clou.

En 2012, la firme de Mickey achète Star Wars pour 4 milliards dollars.

Un élément dont personne n’a parlé mais qui mérite d’être souligné : Georges Lucas donnera une part de ses gains à sa fondation caritative, la George Lucas Educational Foundation et conservera le reste pour lui. Un beau geste… défiscalisé, mais beau quand même.

Les négociations dureront un an et Disney annoncera les nouveaux films de prévus en même-temps que le rachat de Lucasfilm. Un choc pour tous les fans, qui ne le prennent pas tous mal. En effet, dans un coin de sa tête, chacun se dit que ce n’est pas si déconnant que ça… et voici pourquoi :

Les valeurs de Disney et de Star Wars sont très proches.

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Mettons de côté le raccourcis facile qui est de qualifier d' »Empire du Mal » la souris américaine pour se concentrer sur des faits. Quelles sont les valeurs fondamentales de Disney ? Celles de Walt Disney himself ? En voici un exemple :

Pour que la vie soit un conte de fée, il suffit peut-être simplement d’y croire…

Les valeurs de la Walt Disney Company, chères à son créateur, sont au final toujours les mêmes. Lorsque je parle de valeurs, je ne parle pas de stratégie commerciale (on y reviendra) ou d’argent. À l’origine, ce sont des récits animés familiaux. Ils mélangent une forte créativité, une grande innovation et des valeurs simples et positives.

Walt Disney lui-même a souvent dit qu’il fallait rêver et croire en ses rêves. C’est ce qu’il a d’ailleurs fait en partant de rien pour bâtir un empire, tout comme le créateur de Star Wars.

C’est aussi pour ces valeurs communes entre Disney et la saga Galactique que Georges Lucas à revendu Lucasfilm à Disney. S’il l’avait expliqué dès le départ, je ne l’ai réellement compris que plus tard, notamment en regardant Tomorrowland.

Ajoutons à cela la forte expérience que Disney a pu tirer de son rachat de Marvel ou Pixar et son développement cinématographique : Oui, ils étaient prêts.

Star Wars VII, la machine s’accélère

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The Force Awakens a changé la donne. En effet, qu’on l’accepte ou pas, la reprise de Star Wars par Disney a créé une réelle rupture, ce à plusieurs niveaux.

Tout d’abord en terme de budgets de films, puisque The Force Awakens a coûté 200 millions de dollars, presque le double de la Menace Fantôme. Mais les changements ont aussi lieu en terme de ton et de stratégie globale.

D’ailleurs, le premier film de la nouvelle trilogie a connu un succès sans précédents pour la saga : 

  • 2 milliards de dollars au box-office mondial
  • 700 000 préventes de places de cinéma, rien qu’en France
  • 3 milliards de dollars de produits dérivés vendus

Jamais un film de la saga n’a généré autant d’argent. Et les projets en développement autour de la franchise sont phénoménaux. Le cœur de la stratégie à long terme de Disney est la création de différents spin-off. L’agenda s’étendant désormais au-delà de 2021, les ambitions sont très fortes autour de Star Wars. C’est là que la dérive peut arriver et il va falloir faire preuve de mesure. 

La réaction si polémique de Georges Lucas quand à ce premier film est à mon avis plutôt liée à la vision qu’il avait de la poslogie. En effet, les scénarios étaient prêts et ce dernier souhaitait offrir une nouvelle révolution de l’univers, aussi forte que celle effectuée pour la prélogie. Or, Disney lui a acheté ces scénarios… pour finalement ne rien conserver ou si peu.

Disney n’a pas osé 

Dommage effectivement, car je reste persuadé que c’est exactement ce qui nous a plu dans les premiers films, être là où on ne l’attendait pas. Casser les codes et élargir les perceptions. C’est en grande partie la clef du succès de Star Wars. 

Si on peut effectivement reprocher ce manque de cran à Disney, on peut également se demander si ils étaient en mesure de faire autrement. En effet, Georges Lucas himslef, papa de la saga et de son univers, à lui-même subi les foudres d’une partie du fandom concernant sa prélogie (une part seulement). Si c’était Disney, une entreprise qu’on adore détester, quelles auraient été les réactions ?

Sans nécessairement s’excuser, ça s’explique et ça se comprend.

Une stratégie qui s’affine avec l’expérience

En effet, le public pourra-t-il supporter un matraquage aussi fort que celui qui a opéré pour la sortie de Star Wars VII et (dans une moindre mesure) Rogue One ? On peut se poser la question.

La saga a toujours été vu comme archi-bankable, depuis toujours. Mais une saturation est tout de même possible. L’affiliation à Disney va-t-elle permettre à Star Wars de vivre éternellement de nouvelles aventures palpitantes ou la tuer ?

Admettons-le, la première hypothèse serait géniale ! 

D’ailleurs, avec Rogue One : A Star Wars Story, Disney a envoyé des signaux tout à fait positifs, montrant que la firme était à même de s’approprier la Licence tout en offrant à la fois quelque chose de plutôt fidèle à l’univers de Lucas, sans pour autant faire dans la redite… Ce qui était tout de même le plus grand défaut de The Force Awakens.

Un conseil d’expert ?

Puisque je sais que Disney et tout le cinéma Hollywoodien sont très demandeurs de mes conseils, je vais leur donner un : Soyez malins et prenez votre temps.

Star Wars et précipitation ne riment pas. Georges Lucas mettait dix ans à produire une trilogie. S’il avait pu le faire en cinq, je pense qu’il l’aurait fait. Les fans, malgré leur mauvais caractère, sont prêts à attendre un an de plus pour avoir un moment de cinéma épique. La saga galactique n’est pas Marvel et il faudra veiller à le garder constamment à l’esprit. Pour éviter que les fans ne réagissent de même à une surenchère de productions qui pourrait glisser vers le fast-food cinématographique : il faut garder la tête froide et soigner cet univers fabuleux.

Offrez-nous de bons films, des aventures galactiques repoussant les limites de l’imagination et le public vous le rendra au centuple !